De toutes parts, les femmes sont victimes de propos ou de décisions politiques injustes. Les dernières discussions en vue de former un gouvernement le prouvent : il souffle un vent de droite qui risque de se transformer en une tornade destructrice pour les femmes, leurs droits, leur bien-être et leur avenir. Qu’il s’agisse de mesures en rapport avec la fiscalité, le marché du travail, les fins de carrières, les pensions ou encore du débat sur droit à l’avortement ou la place qu’elles devraient occuper dans la société, elles ont tout à y perdre.
Soyez flexibles et fermez-la !
Flexibiliser le travail : voilà une tendance qui ne cesse de s’amplifier et qui bouleverse profondément les conditions de travail et la vie des travailleurs. C’est une réalité dans beaucoup de secteurs. Et les choses ne vont pas aller en s’améliorant. La note de base de De Wever – Bouchez prévoit entre autres toute une série de mesures qui visent à rendre les travailleurs encore plus malléables. Elle prévoit par exemple l’annualisation du temps de travail. Cela peut paraître anodin mais dans les faits, cela signifie qu’un employeur peut décider de modifier les horaires d’un travailleur en fonction de ses besoins. Ce qui compte sera la base annuelle. Pour les travailleurs à temps partiel, dont on sait qu’il s’agit principalement de femmes (et bien souvent des femmes isolées avec enfants), c’est une catastrophe. Dans ces conditions, comment pouvoir mener une vie stable ? Comment concilier son travail et sa vie privée ? Comment parvenir à conjuguer cela avec un deuxième job à temps partiel? Impossible. Certaines références clés comme la limite hebdomadaire des 38h/ semaine ou la durée minimale d’une prestation (4h minimum après 5 ans d’ancienneté dans le commerce par exemple) disparaitraient également. On pourrait ainsi travailler jusqu’à 48h/semaine comme la moyenne européenne ou encore faire le déplacement pour ne prester que 2h de travail. Hallucinant.
A côté de cela, les politiques parlent également de faciliter plus encore le travail étudiant et d’élargir le système des flexi-jobs (élargissement des fonctions et plus de limite de plafond). Il faut savoir que sur le plan fiscal, engager un étudiant ou un flexi-jobiste est bien plus intéressant pour un patron qui ne paie pas dessus les mêmes cotisations sociales ou de précompte professionnel. Cela veut aussi dire que ce sont des emplois qui ne contribuent pas à la sécurité sociale. Ces sous-statuts créent sur le terrain une concurrence directe avec les travailleurs à temps partiel. L’employeur sera en effet plus vite tenté de donner quelques heures par semaine à un flexi-jobiste plutôt qu’octroyer des heures complémentaires à sa travailleuse à temps partiel, heures qui lui seront plus coûteuses. Le même constat peut être fait avec l’idée d’augmenter les heures supplémentaires volontaires. Dans leurs projets : la possibilité de faire prester des heures supplémentaires volontaires aux travailleurs à temps plein (jusqu’à 360h par an – soit en moyenne 8h par semaine), sans sursalaire ni repos compensatoire. Des heures payées en brut pour net et exemptes de cotisations ONSS. Là aussi, il est certain que cette mesure va favoriser le travailleur à temps plein en lieu et place du travailleur à temps partiel.
Ce que nous venons de détailler ci-dessus, ce sont quatre mesures qui pénalisent les femmes. Un exemple parmi d’autres. Quatre mesures de la « super » note parmi une avalanche d’autres d’entre elles, où à chaque fois, ce sont les femmes qui y perdent.
La fiscalité, responsable d’inégalités toujours plus grandes
La réforme fiscale qui est sur la table des négociateurs politiques prévoirait une amélioration des salaires. Bonne chose en soi, nous direz-vous ! Mais elle accentuerait également les inégalités entre travailleurs, et ce, particulièrement pour les bas salaires, souvent perçus par des femmes. Les changements proposés prévoient, par exemple, une déductibilité à 100 % des frais de crèche pour les travailleurs, ce qui peut sembler avantageux. Cependant, en pratique, cette mesure favorisera davantage les couples à deux revenus, tandis que les femmes seules qui perdent leur emploi auront plus de difficultés à laisser leur enfant en crèche, compliquant ainsi leur retour sur le marché du travail (la déductibilité pour les demandeurs d’emploi ne sera pas augmentée). Il est également intéressant de noter qu'un grand nombre des chômeurs de longue durée sont des femmes, ce qui pose la question de l’impact des politiques fiscales et familiales sur leur réinsertion.
Autre bouleversement : la limitation globale des formules de crédit-temps (qui, en pratique, sont prises de manière plus courante par les femmes) constitue également une menace pour le maintien de leur emploi. Ces mesures risquent en effet d'accentuer la sortie de nombreuses femmes du marché du travail, les contraignant à choisir entre carrière et responsabilités familiales.
Pensions : un durcissement préoccupant
Le durcissement des conditions de fin de carrière et la limitation des assimilations pèsent également lourdement sur les travailleuses. Ces nouvelles règles, combinées à l'accès de plus en plus restrictif à la pension minimum (35 ans de travail effectif à la place de 30 actuellement), risquent de laisser de nombreuses femmes (notamment celles qui ont occupé des emplois précaires) dans des situations financières difficiles. Ces travailleuses, qui souvent n’ont pas une carrière complète, pourraient se retrouver sans filet de sécurité suffisant pour vivre décemment à la retraite et être ainsi obligées de faire des flexi-jobs pour survivre... Un comble. Le précédent gouvernement a augmenté la pension minimum. Le « hic », c’est qu’ avec le futur gouvernement, ces pensions seront tout bonnement inaccessibles aux femmes.
Quand la droite gagne, les femmes perdent
Les récentes évolutions politiques à travers l’Europe renforcent plus encore les attaques à l’encontre des femmes. Les politiques natalistes en Italie voudraient renvoyer les femmes au foyer. Chez nous, les dernières discussions sur la remise en cause des quotas féminins dans les conseils d’administration rappellent à quel point les droits des femmes sont souvent les premiers à être remis en question et combien le plafond de verre risque de redevenir un chape de plomb. Les débats sur l’allongement des délais pour l’avortement ou sur les réformes des pensions soulèvent des craintes quant aux reculs des acquis sociaux pour les femmes. Ajoutons à cela les récents propos délirants du chef de l’église, qui compare les femmes qui subissent une IVG à des criminelles et les médecins à des tueurs à gage et nous voilà de retour au XIXème siècle. Nous voulons ici rappeler haut et fort que le pouvoir religieux n’a rien à faire avec le pouvoir sorti des urnes démocratiquement (pouvoir temporel). La séparation de l’Eglise (quelle que soit la religion) et de l’État doit continuer à être un principe fondamental et entier dans nos société, sauf à voir l’obscurantisme revivre dans nos sociétés.
Enfin, dans cette période politique chargée, nous dénonçons également à quel point le machisme dont font l’objet les femmes en politique est omniprésent dans notre société : remarques déplacées, insultes, commentaires parfois même violents sur les réseaux sociaux, via les médias ou dans leur vie quotidienne, … Elles sont attaquées sur tous les fronts, parfois même concernant des aspects personnels voire intimes. Il s’agit là de comportements écœurants que nous ne pouvons tolérer. Même si ces dernières années, des initiatives telles que « Balance ton porc » ont été largement relayées, le machisme est bel et bien loin d’être éradiqué. Il y a encore du pain sur la planche de ce côté-là et pas qu’en politique : le machisme ordinaire, c’est la réalité quotidienne des femmes !
En conclusion, cette tendance généralisée à flexibiliser les conditions de travail, combinée à des réformes fiscales et sociales, crée un terrain de plus en plus hostile pour les travailleuses. Les inégalités entre hommes et femmes, loin de se résorber, semblent au contraire se creuser davantage, laissant entrevoir un futur où les droits acquis par des décennies de luttes sociales risquent d’être remis en cause.
Le combat pour l'égalité et la justice sociale est donc loin d’être terminé. Il est plus que jamais nécessaire de rester vigilants face à ces menaces grandissantes. Soyons solidaires,déterminés et féministes !