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La sécurité sociale, c’est quoi ?

18/05/2021 | FR / NL

La sécurité sociale est un système de solidarité fédérale, intergénérationnelle garantie. Elle veille d’une part à une redistribution des richesses. D’autre part, elle vous assure contre certains risques sociaux. L’objectif est d’offrir à chacun une assurance qui garantit un taux de remplacement le plus élevé possible de vos revenus du travail. C’est ce qui la différencie d’un filet de sécurité d’existence. La sécurité sociale assure donc un revenu de remplacement en cas de perte de salaire, elle offre un complément à votre revenu lorsque vous avez certains frais (par ex. maladie ou un enfant) ou elle remplace votre revenu si vous êtes involontairement sans emploi. Chacun y est donc confronté tôt ou tard. La sécurité sociale se compose de 7 branches : 

❶ La pension que vous recevez pendant vos vieux jours. 

❷ L’allocation que vous recevez lorsque vous perdez votre emploi

❸ L’assurance en cas d’un accident de travail

❹ L’assurance en cas de maladie professionnelle

❺ Les prestations familiales, ou allocations familiales, un montant que vous recevez pour aider vos enfants à grandir, et ce malgré la régionalisation. 

❻ Les soins de santé soit notamment l’affiliation à une mutualité qui intervient dans le remboursement des soins médicaux, des médicaments, et vous verse éventuellement une indemnité si vous êtes incapable de travailler pour cause de maladie 

❼ Les vacances annuelles, c.-à-d. les 20 jours de congés payés auxquels chacun a droit. 

La sécurité sociale joue clairement un grand rôle dans notre quotidien, même si nous ne nous en rendons pas toujours compte. En tant que travailleur, vous cédez une partie de votre salaire brut pour contribuer à la sécurité sociale. Votre employeur verse lui aussi une partie de votre salaire à la sécurité sociale. Il s’agit en fait de salaire différé. La sécurité sociale appartient dès lors à la communauté. L’objectif n’est pas de l’utiliser pour mettre le budget en ordre. 

En pratique donc, un financement suffisant est nécessaire. Chaque réduction de cotisations ONSS accordée aux employeurs est donc un coup de canif dans le financement de la sécu et une mise à mal de nos acquis. La société évolue et de nouveaux besoins voient le jour. Ils devraient également être couverts par la sécu (garde d’enfants, assurance vieillesse, etc.et trouver des réponses à l’intérieur de celle-ci via un renforcement de son financement. Ces dernières années, notre sécurité sociale a été mise à rude épreuve par la politique gouvernementale néolibérale, à laquelle nous continuons de résister !

Comment est-elle née ?

La sécurité sociale telle que nous la connaissons aujourd’hui existe depuis 1944. Ses germes ont toutefois été semés au XIXe siècle. La sécurité et la stabilité ont toujours été importantes pour les gens. Au XIXe siècle, les syndicats ont commencé à organiser des « assurances sociales ». Elles concernaient généralement un seul groupe et un risque bien précis. Petit à petit, les pouvoirs publics – sous pression des syndicats – sont cependant intervenus de plus en plus. Au XXe siècle, certaines assurances sont par exemple devenues obligatoires. Après la Seconde Guerre mondiale, syndicats et employeurs ont dessiné le système de sécurité sociale que nous connaissons aujourd’hui. Il s’agit d’une assurance reposant sur la solidarité entre actifs et non actifs, malades et non malades et entre haut et bas revenus. L’arrêté-loi « concernant la sécurité sociale des travailleurs » a été ratifié en 1944 par le ministre socialiste du Travail et de la Prévoyance sociale, Achiel Van Acker. Cette loi rend toutes les assurances sociales obligatoires et constitue le cadre de notre sécurité sociale.

Pourquoi est-elle importante ? 

Parce que notre sécurité sociale fonctionne. La Belgique n’est pas un bon élève si l’on compare son risque de pauvreté avec celui du reste de l’Europe. En effet, 4 Belges sur 10 se trouveraient en difficulté avant intervention des impôts ou de la sécurité sociale (donc avant la redistribution). Après intervention de notre sécurité sociale et de la fiscalité, le risque de pauvreté diminue grandement. Autrement dit, le système fonctionne, même si l’on peut encore mieux faire. Le risque de pauvreté en Belgique est de 15%. 1 Belge sur 7 a un revenu inférieur au seuil de pauvreté européen

Quelques paroles qu’il nous arrive d’entendre

Ne devons-nous pas réaliser des économies dans la sécurité sociale ? 

Le système est devenu impayable ! Certains politiques estiment que nous devons réaliser des économies dans la sécurité sociale pour sauver le système. Ainsi, le gouvernement Michel a réalisé pour 1,7 milliards d’économies dans les soins de santé sur la période 2014-2018. C’est toutefois un faux argument. Ce que ces politiques oublient de dire, c’est que ces dernières années, ce sont eux qui ont vidé le financement de notre sécurité sociale de sa substance. Les employeurs ont reçu des cadeaux sous la forme d’une réduction des cotisations patronales (la partie que les employeurs versent pour la sécurité sociale). Ce gouvernement a aussi décidé d’autoriser de nouvelles formes de travail ne créant pas d’emplois supplémentaires et ne contribuant pas à la sécurité sociale, comme les emplois occasionnels et les flexi-jobs exonérés d’impôts. La sécurité sociale y perd donc doublement : pas de cotisations issues d’emplois supplémentaires et pas de cotisations de ces nouvelles formes de travail. Ils se focalisent sur les coûts et pas sur les rentrées de la sécurité sociale. Ils la vident ainsi de l’intérieur. 

Je paie actuellement aussi pour les autres ! 

Je préférerais avoir une plus grande part de mon salaire brut. Je peux m’assurer moi-même contre les coups durs. En tant qu’individu, il est très difficile de se protéger soi-même aussi bien que le fait la sécurité sociale. Examinons d’abord le financement. 24% des rentrées de la sécurité sociale proviennent des cotisations des travailleurs. 52% viennent d’une partie de votre salaire à laquelle votre employeur contribue. Lorsque vous prenez une assurance privée, vous la payez toujours intégralement de vos propres deniers. Une partie de votre salaire brut va en effet à la sécurité sociale, mais vous la récupérez (en partie) le jour où vous faites appel à la sécu. C’est pour cette raison que nous parlons d’un ‘salaire différé. Une telle assurance privée est par ailleurs peu solidaire, de nombreuses personnes risquent d’être mises sur la touche. La sécurité sociale offre la protection la plus complète pour tous. 

ASSURANCE PRIVÉESÉCURITÉ SOCIALE
Couvre uniquement les risques qu’elle veut assurerCouvre les risques liés au travail
Assure qui peut payerAssure tout le monde
Contribution individuelle pour risque individuelContributions collectives pour risques collectifs
Risque plus élevé = cotisation plus élevéeUne seule cotisation pour tous les risques
Contribution en fonction de la couvertureContribution en fonction du revenu
Pas de contribution = rupture de contratMaintien des droits dans tous les cas
Gestion par les propriétairesContrôle sur la gestion
Cela doit rapporter de l’argent

Pas besoin de faire de bénéfice, uniquement de couvrir les coûts

 

Nos alternatives

Afin de garantir une sécurité sociale forte, nous exigeons :

  • Que les entreprises paient (à nouveau) leurs cotisations.
  • Un financement alternatif via une contribution sociale générale et un impôt sur la fortune. Pas via la TVA et les accises (injuste parce que non progressif);
  • A l’avenir, les réductions de cotisations ONSS doivent être liées à une création effective d’emploi (ou au maintien en cas de restructuration).
  • La création d’emplois de qualité et un salaire brut convenable pour garantir le financement de la sécurité sociale.