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Ouvrir toujours plus les magasins… No way!

15/07/2022 | FR / NL

Garder les portes des commerces ouvertes jusque 22h : voilà l’un des projets qui sont actuellement sur la table du parlement. Le MR ainsi que l’Open VLD plaident en effet pour élargir plus encore les heures d’ouverture des magasins. Au menu également, la suppression du jour de repos obligatoire pour les travailleurs. Le SETCa s’oppose fermement à ces propositions. Pas question d’utiliser les travailleurs comme des pions sur l’échiquier du business.

Le débat n’est pas nouveau. Cela fait plusieurs années que les libéraux rêvent d’élargir les heures d’ouverture des magasins jusque 22h et qu’ils reviennent régulièrement à la charge avec cette idée. Leur credo : il faut s’adapter et flexibiliser davantage au nom de la société de consommation. Des ouvertures plus tardives permettraient ainsi aux commerces physiques d’être plus concurrentiels dans un environnement où l’e-commerce a pris une place prépondérante. Ici, ils poussent le cran un peu plus loin encore en exigeant même la suppression du jour de repos hebdomadaire.

La règlementation actuelle offre pourtant déjà des plages horaires relativement larges, laissant de nombreuses options au consommateur pour trouver LE moment d’aller faire ses courses. De fait, la loi prévoit que les magasins peuvent être ouverts de 5h à 20h (et jusque 21h le vendredi). Elle prévoit également un jour de repos hebdomadaire, c.-à-d. une période de fermeture ininterrompue de 24 heures commençant le dimanche (ou un autre jour) soit à 5h, soit à 13h et prenant fin le lendemain à la même heure. Dans la pratique, la plupart des magasins ouvrent leurs portes de 8h à 20h (21h le vendredi). Ceci représente donc, pour de nombreuses enseignes, 73h d’ouverture au total (sur 91h autorisées d’un point de vue légal). Ce qui signifie que s’ils le souhaitent, les magasins peuvent actuellement ouvrir leurs portes plus de la moitié du temps d’un point de vue hebdomadaire. Un panel considérable de possibilités de shopping…

La pression des travailleurs du commerce est déjà à son comble, il n’est pas question de pousser le bouchon encore plus loin. Le SETCa rejette vivement les propositions avancées et s’opposera à toute tentative de flexibiliser davantage les conditions de travail dans le commerce. 

Étendre encore les ouvertures du commerce, supprimer le jour de repos hebdomadaire ou y déroger ne se justifie pas et n’améliorera certainement pas la situation dans le secteur, au contraire. De telles décisions auraient sans conteste des conséquences négatives sur les 200.000 travailleurs du commerce et constitueraient un nouveau précédent. Accepter un tel changement reviendrait à banaliser le travail de nuit en le faisant passer du stade « exceptionnel » à « nécessaire » si le consommateur est preneur. Qui plus est, cette proposition de loi pose de nombreuses questions concernant l’équilibre vie privée / vie professionnelle (comment faire pour concilier sa vie de famille avec de tels horaires ?), la responsabilité des employeurs par rapport à cette flexibilité (comment gérer travail et garde tardive d’enfant lorsqu’on est un(e) travailleur(-euse) du commerce ?), la sécurité des travailleurs et la charge de travail (l’élargissement des heures sera-t-il couplé à des embauches supplémentaires ?). Et tout ça, sous prétexte de l’indispensable nécessité d’accorder plus de possibilités de shopping au consommateur.

Enfin, rappelons que ce qui touche aux heures d’ouverture et aux jours de repos a un impact sur les conditions de travail. C’est une matière qui relève exclusivement de la concertation sociale. Mesdames et Messieurs les libéraux, nous prenons note de votre intérêt pour l’avenir du commerce. Laissez les interlocuteurs sociaux du secteur tracer les lignes pour demain. Seules des solutions collectives négociées entre partenaires sociaux pourront permettre de relever les défis du secteur.